L'allaitement maternel est souvent une évidence pour les mères, mais se révèle parfois un parcours semé de difficultés. Rappelons cependant que selon l'OMS, l'allaitement est le moyen idéal d’apporter aux nourrissons tous les nutriments dont ils ont besoin pour grandir et se développer en bonne santé. Pratiquement toutes les mères peuvent allaiter. Il leur faut simplement disposer d'informations précises, du soutien de leur famille comme du système de soins. Le colostrum, sécrétion lactée jaunâtre et épaisse produite à la fin de la grossesse, constitue, ainsi que le préconise l’OMS, l’aliment parfait pour le nouveau-né qui doit commencer à s’alimenter dès la première heure qui suit la naissance. L’allaitement exclusif au sein est recommandé jusqu’à l’âge de six mois. De six mois à deux ans, voire plus, l’allaitement doit être complété par une autre alimentation. De la théorie à la pratique, il existe parfois une nuance. Découvrez les témoignages de 7 mamans qui nous confient leurs joies et leurs tracas lorsqu'elles ont allaité.
« J’ai adoré le peau-à-peau pendant l’allaitement »
Julie, 38 ans, maman de Lola, 8 ans
Au départ je n’étais pas très motivée pour allaiter car je voulais que le papa puisse donner le biberon à Lola, pour ne pas les priver de cet échange. Puis, quand j’ai accouché, je me suis dit : on verra en fonction de ce que veut Lola. Or le premier réflexe d’un nouveau-né, c’est d’attraper le "graal"… en l’occurrence le sein de sa mère ! Donc j'ai essayé, mais ça a du prendre dans les 24 heures pour que mademoiselle fasse un effort... Les sage-femmes ont été de bons conseils. Elles m’ont donné des petites astuces, comme la caresser sous les pieds pour la stimuler. L’allaitement s’est bien passé, je n’ai pas eu de crevasses, mon lait lui convenait. J’ai aussi adoré le peau-à-peau. Et c’est tellement plus simple pour les nourrir, pas un tas de choses à emporter au moindre déplacement ou de biberon à préparer ! J’ai donc poursuivi l’allaitement pendant 8 mois. Quand j’ai repris le travail, je tirais mon lait au tire-lait manuel. J’ai arrêté à ses premières incisives car Lola avait tendance à me mordre.
« J’ai trouvé en l’allaitement un moyen d’être vraiment présente pour mon enfant »
Christelle, 37 ans, maman de Thémis, 11 ans, et Aaron, 5 ans
J’ai allaité mon aînée, Thémis, « pour voir ». Parce que ma mère avait allaité. Parce que ma belle-sœur allaitait. C’est le modèle que j’avais. Cette dernière m’avait bien préparée: elle m’avait expliqué la montée de lait et expliqué que cela fasait mal, qu’il fallait « serrer les dents » les 10 premières secondes et qu’au bout de 3 semaines cela allait mieux. J’ai plutôt serré les dents un mois, mais j’ai très vite aimé ça à mon grand étonnement et surtout j’ai trouvé que c’était ultra pratique. Le papa aussi a apprécié, et le berceau était dans notre chambre pour faciliter le tout. Je n’ai pas eu l’impression d’être pour autant un garde-manger ambulant, même si j’ai allaité à la demande. J’ai arrêté à 6 mois et demi, à la demande du papa qui trouvait que j’étais trop fatiguée et qu’il fallait que j’arrête de me lever à 6h du matin avant le travail pour la nourrir. Mais cette fusion m’a longtemps manqué.
Pour mon fils, Aaron, j’ai naturellement allaité. J’ai eu un cancer du sein entre mes deux grossesses, mais la sage–femme m’avait bien préparée sur le fait que je pouvais l’allaiter avec un seul sein. J’ai donc allaité Aaron pendant 6 mois sur un sein uniquement, sans aucune douleur, ni crevasse. J’ai pratiqué le cododo pour pouvoir dormir pendant qu’il mangeait. J’ai arrêté naturellement quand il s’est mis à faire ses dents sur mon sein. Cette fois, je n’ai pas éprouvé de manque.
Pour mes deux enfants, j’ai allaité sans complexe un peu partout, et n’ai jamais eu de remarques ou désagréments en allaitant en public ou en privé. J’ai trouvé l’allaitement naturel et un moyen de se poser avec mon enfant, d’être vraiment présente pour lui.
« De mon allaitement je n'ai retenu qu'une leçon : ne jamais se forcer »
Viviane, 32 ans, maman de Eléonore, 1 an
Pendant ma grossesse, je n'avais aucun a priori sur l'allaitement. Je ne voulais pas forcément donner le sein, mais je m'étais dit qu'il fallait au moins que j'essaye... J'ai tout de suite compris que ce n'était pas fait pour moi. Là où certaines vivent l'allaitement comme un grand moment de fusion avec bébé, je vivais cela de manière assez distanciée : ma fille me paraissait bien loin de moi, au sein.
J'ai ensuite très vite accumulé les petits problèmes : la petite tétait mal, perdait du poids. De mon côté, j'ai rapidement eu des crevasses, puis un premier engorgement, et quelques semaines plus tard, un second, qui m'a imposé un mois d'antiobiotiques et qui a failli me conduire à l’hôpital tant l'abcès était gonflé, violet, que la fièvre était forte.
Mais mon véritable problème n'a pas été tant physique que psychologique. Au bout d'un mois, j'ai dit à la sage-femme qui me suivait que je souhaitais sevrer mon bébé et passer au biberon. J'ai eu droit à une rengaine pro-allaitement extrêmement culpabilisante - c'était ce qu'il y avait de mieux pour mon enfant, je ne devais pas penser qu'à moi…. Epuisée, complètement déprimée par ces soucis de mise au sein, je n'ai pas eu la force de lutter. J'ai obtempéré.
J'ai continué à allaiter ma fille pendant presque 3 mois jusqu'à la formation du fameux abcès. C'est alors mon compagnon qui a dit non. Il a remis la sage-femme en place lors d'une consultation, et m'a dit que si l'allaitement mettait en jeu ma santé physique et mentale, cela n'en valait pas la peine. J'ai donc commencé à espacer les tétées et à inclure les biberons. Et là : la révélation. Je tenais la petite contre moi, l'embrassais, la confortais. Elle tétait mieux, a immédiatement fait ses nuits... Après 3 mois à 2 doigts de la dépression, j'ai enfin retrouvé le sourire. Et je n'en ai aujourd'hui retenu qu'une leçon : ne jamais se forcer, ne pas écouter les personnes bien pensantes qui ne vivent pas cet allaitement 'dans la chair' et passer à une autre solution dès que la famille commence à en pâtir.
« Heureusement, j’ai été soutenue par une sage femme fabuleuse »
Anne, 36 ans, maman de Juliette, 6 ans, et Eugénie, 2 ans
J'ai allaité mes deux filles pendant 3 mois. Cela n'a pas été très facile mais j'ai aimé ! Pourquoi ce choix ? Pour la relation privilégiée avec le bébé, charnelle. J’avais aussi l’impression de donner un peu plus de défenses immunitaires (j'ai bien dit impression !) et surtout, j'étais sûre de ce qu'il y avait dans mon lait, 100% naturel. J’ai cependant rencontré des difficultés pour mes deux allaitements. Pour mon aînée, j’ai dû avoir une césarienne, et la petite n’avait pas de réflexe de succion. Pour ma deuxième, l’allaitement a entraîné de gros conflits avec la grande… Et pour les deux, j’avais un réflexe d’éjection fort, ce qui était compliqué à gérer pour les filles.
Heureusement, j’ai été soutenue par ma sage-femme libérale, une consultante en lactation fabuleuse, qui ne jugeait pas et qui était tres compréhensive. J’ai trouvé ça difficile le premier mois, mais au final j'ai adoré, et si j'ai un troisième enfant j’allaiterai de nouveau.
« Il faut vraiment être déterminée car l'accompagnement n’est pas toujours là »
Emilie, 35 ans, maman de Lucas, 6 ans, et Quentin, 3 ans
J’ai allaité mes deux fils, et j'ai adoré autant pour l'un que pour l'autre la première tétée, ce premier contact que l'on a avec son enfant est juste magique ! Par contre au bout du troisième jour, une fois que la grosse montée de lait arrive, ce fut une souffrance atroce, j'avais de quoi nourrir la maternité entière ! Je fus obligée de dégorger au tire-lait atmosphérique pour soulager ma poitrine. Et l’équipe de la maternité m’a culpabilisée en me disant que je devrais faire don de mon lait au lactarium. Sur le moment je n'étais pas contre, mais si l’on commence à la maternité, on doit continuer chez soi après, avec toutes les contraintes que cela implique : stérilisation des récipients, conservation, date et heure de la traite!
Malgré la douleur, aussi bien au moment des montées de lait que des tétées, je me suis accrochée en me disant que c'était ce qu'il y avait de mieux pour mes enfants. En ce qui concerne Lucas, ce fut une grande frustration de devoir arrêter si tôt avec la reprise du travail. Je ne l'ai allaité qu'un mois pleinement et très vite, il a fallu commencer à remplacer une tétée par un biberon tous les 4 jours pour arriver à un sevrage complet au bout d'un mois. A ce moment je me suis dit " tout ça pour ça " !
Etant en congé parental pour mon second, j'ai pu allaiter pendant 4 mois. J’ai arrêté car plus ça allait, plus Quentin réclamait et cela devenait invivable. Là où les tétées étaient censées s'espacer, il en demandait de plus en plus ! J'en ai donc conclu que mon lait ne le nourrissait plus assez. En tous cas, que ce soit pour l'un ou l'autre, il fallait vraiment être déterminée au départ car le soutien et l'accompagnement à la maternité n'ont vraiment pas été là...
« Ce serait bien que les recommandations sanitaires soient en phase avec la réalité sociale »
Aurélie, 37 ans, maman de Louise, 10 ans, Jules, 7 ans et Gabrielle, 5 ans
Allaiter mes enfants était une évidence. Disons que cela correspondait à l'image de la « mère parfaite » que je me faisais, sûrement influencée en cela par le discours ambiant. Pour autant je comprends et respecte tout à fait que certaines mamans n’aient pas envie d’allaiter. C’est si spécial, un peu animal quand même. Et pas toujours évident, surtout lorsque l'on est mal conseillée...
J’ai allaité mon aînée deux mois. Je ne m’étais pas suffisamment renseignée durant ma grossesse sur l’allaitement, aussi j’ai écouté les – mauvais - conseils de l’équipe à la maternité, qui me demandait de respecter un délai de 3 heures entre chaque tétée. J’avais même un tableau à remplir. Avec le recul, c’est une hérésie ! C’était il y a 10 ans, j’espère pour les mamans d’aujourd’hui que les équipes des maternités sont de meilleurs conseils… Autre mauvais conseil : utiliser un bout de sein en silicone. J’ai fait l’erreur de l’adopter, et dès que je ne l’avais pas, j’étais totalement paniquée, alors qu’en réalité, je n’en avais pas du tout besoin.
Pour mes deux autres enfants, j’étais beaucoup mieux armée pour mener un bon allaitement. A savoir un allaitement à la demande, sans montre, sans bout de sein, sans stress ! Et tout s’est bien passé, même si ma petite dernière a souffert de RGO les premiers mois. Mais sachant que le lait maternel est beaucoup plus facile à digérer et moins agressif pour l’œsophage du bébé, raison de plus pour allaiter. J’ai ainsi allaité 8 mois, en tirant mon lait au tire-lait électrique (loué en pharmacie) matin et soir, et en ayant pris soin de constituer un stock au congélateur quelques semaines avant la reprise du travail. J’ai eu la chance de tomber sur des assistantes maternelles qui ont respecté mon choix et ont parfaitement collaboré.
Ce que je déplore en revanche, c’est que l’on conseille aux futures mamans d’allaiter 6 mois, et que le congé maternité ne dure que 10 semaines en post-natal. Cherchez l’erreur ! Or poursuivre son allaitement tout en travaillant demande une sacrée organisation, et de l’énergie aussi.
« Je comptais allaiter longtemps dès le départ. J'ai finalement allaité deux ans »
Carolina, 34 ans, maman de Nathan, 5 ans, et Rose, 1 an
J'ai allaité parce que pour moi c'était une évidence. Déjà, pour ce qui est du lien avec l'enfant, qui a passé 9 mois dans mon ventre. L’allaitement permet une transition plus douce à mon sens. Ensuite au niveau nutritionnel, je me suis toujours demandée pourquoi donner le lait d'un autre animal à son bébé. Si l’on a des seins c'est bien pour nourrir notre enfant (n'en déplaise aux papas !). Enfin, et cela je ne l'ai découvert qu'une fois bébé né, tout devient tellement plus simple avec le sein : un chagrin = tétée, un câlin calme = tétée, sommeil = tétée. Plus besoin de se prendre la tête sur "pourquoi il pleure". J'avoue, j’ai abusé des tétées et bien m'en a pris, car Nathan était un bébé RGO et probablement IPLV (intolérant aux protéines de lait de vache) mal diagnostiqué, donc le sein m'a un peu sauvé la vie. Je m'étais informée avant et j'ai trouvé des groupes de soutien sensationnels sur internet. J'ai eu quelques petits soucis de crevasses/engorgement résolus très vite grâce à l'aide de quelques cybercopines. C’est très important d'être bien entourée, surtout quand personne autour de soi n'allaite ou n'a allaité.
Je comptais allaiter "longtemps" dès le départ, mais je ne savais pas exactement combien de temps, je partais sur 6 mois. Finalement j'ai décidé de continuer puisque cela nous convenait à tous. A 2 ans, j'ai "forcé" un peu le sevrage car je commençais à apprécier de moins en moins, et puis je voulais tomber enceinte.
Pour ce qui est de l'allaitement et du travail, j'habitais à l'époque à 5 minutes à pied de chez moi et c’est le papa qui gardait Nathan le matin. Je rentrais donc l'allaiter à la maison le midi et le soir, je tirais mon lait pour un biberon à laisser à la crèche le lendemain. Au bout de quelques mois, on a remplacé ce biberon par un yaourt. En ma présence par contre, c’était tétée à volonté.
Pour cet allaitement-ci, avec Rose, c'est plus compliqué car elle est à la crèche toute la journée : je tire donc mon lait au travail (dans une cabine de douche, et je le stocke au frigo) deux fois dans la journée. Cela suffit pour la journée de Rose. Le soir, la nuit, le mercredi et le week-end on est toujours en mode "open (ni)bar", ce qui entretient ma lactation. Je compte allaiter Rose aussi longtemps que Nathan si elle le souhaite et si ma lactation tient le coup...
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