Toutes les femmes peuvent allaiter
VRAI… quasiment
Il existe en effet un nombre limité de situations rendant l’allaitement impossible, comme nous l'explique Carole Hervé, consultante en lactation : « Certains facteurs de risque peuvent sévèrement influer sur la capacité de la mère à produire du lait en quantité suffisante pour son bébé : une insuffisance du tissu glandulaire mammaire, un syndrôme des ovaires polykystiques, un indice de masse corporelle important, une maladie hypophysaire, une anémie sévère, un diabète de type 1. Une maladie virale, comme l'herpès, ou bactérienne avec des lésions sur les mamelons et l’aréole, peut également empêcher la mère de mettre son bébé d’emblée au sein, mais elle pourra en revanche exprimer son lait pour stimuler sa lactation. Quant à la forme ou la taille des mamelons et des seins, elles ne réduisent a priori pas les chances de la maman à allaiter son enfant, mais souvent, elle aura besoin de soutien pour une mise en place optimale et adaptée à sa situation. » Si la maman suit un traitement, la plupart des médicaments passent dans le lait, mais très peu sont contre-indiqués – c’est le cas notamment de la pseudoéphédrine, des oestrogènes, des dérivés ergot de seigle - et il est presque toujours possible de proposer un traitement compatible avec l’allaitement.
Du côté du bébé, seule la galactosémie congénitale, une maladie rare nécessitant la suppression totale du lactose de l’alimentation du bébé, contre-indique formellement l’allaitement.
« En somme, toutes les femmes peuvent allaiter. Parfois, ce sera un allaitement partiel. Elles pourront néanmoins construire une relation au sein avec leur enfant et c’est souvent ce qui compte le plus pour elles. Il incombe aux professionnels et aux personnes qui entourent la mère d’écouter son choix et de l’aider à y parvenir », conclut la spécialiste.
Une femme avec une petite poitrine a moins de lait
FAUX
« Chaque femme peut emmagasiner une quantité de lait précise dans ses seins entre chaque tétée. Cette capacité de stockage varie d’une femme à l’autre, indépendamment de la taille de ses seins, laquelle dépend en grande partie du tissu adipeux et non du nombre de lobes et d’alvéoles, c'est-à-dire les unités qui sécrètent le lait », explique Carole Hervé. Aussi la taille de la poitrine n’a que peu à voir avec les capacités de production et de stockage du lait, et le volume de lait produit est à peu près le même d’une femme à l’autre. « Par ailleurs, les seins ne sont pas plus pleins, si on respecte un intervalle de 3 heures entre les tétées », ajoute la spécialiste de l’allaitement.
A la naissance, le bébé est trop fatigué pour téter
FAUX
La « tétée précoce » en salle de naissance est la meilleure façon de débuter un allaitement si, ni le bébé, ni sa maman, ne nécessitent de soins spécifiques. L’OMS recommande d’ailleurs que « les mères commencent à allaiter leur enfant au sein dans l’heure qui suit la naissance. Immédiatement après la naissance, les nouveau-nés doivent être placés peau contre peau avec leur mère pendant une heure au moins et il faut inciter les mères à repérer le moment où leur enfant est prêt à prendre le sein, en leur proposant une aide si nécessaire. »
« Le bébé est naturellement programmé pour téter dès sa naissance pour peu qu’on le place dans des conditions adéquates (sur le torse nu de sa mère qui aura le dos légèrement incliné) et que – à moins d’une situation médicale qui le requiert - les soins soient reportés », explique la consultante en lactation. Grâce au réflexe de fouissement, le nouveau-né va ramper afin de trouver naturellement le mamelon, guidé par son odorat et sa vue, et va le prendre en bouche. « Après la naissance, le réflexe de succion serait optimal au bout de 45 minutes, puis va décroissant, pour s’interrompre durant deux heures à deux heures et demi », précise l’OMS.
Outre faciliter le démarrage de l’allaitement, cette première tétée précoce permet également d’établir le lien mère-enfant.
Cependant, il arrive que cette première tétée ne soit pas envisageable. Ne vous inquiétez pas : cela ne remet pas en cause votre allaitement. Sachez cependant que « les récentes études et notamment le travail de Jane Morton ont démontré qu’il sera alors particulièrement indiqué de montrer à la maman comment recueillir son colostrum à la main dans l’heure qui suit la naissance de son enfant de sorte à augmenter considérablement ses chances de produire du lait en quantité suffisante pour son bébé. », précise Carole Hervé.
Plus un bébé tête, plus la maman produit de lait
VRAI
Le processus de lactation obéit à la loi de l’offre et de la demande : plus le bébé tète, plus la production de lait maternel augmente. Moins il tète, plus elle baisse. C’est en effet, le taux de drainage des seins indique au corps la quantité de lait qu’il doit produire. « Si les cellules de stockage de lait sont pleines, le sein ordonne au cerveau d’arrêter de produire du lait. Si elles sont vidées, le sein relancera la production de lait. Donc, si le bébé tète fréquemment et efficacement, les cellules sécrétrices sont bien drainées, et elles produisent tout le lait nécessaire. », résume la spécialiste.
Il faut respecter un intervalle de 3 heures entre chaque tétée
FAUX
« Je ne m’étais pas suffisamment renseignée durant ma grossesse sur l’allaitement, aussi j’ai écouté les – mauvais - conseils de l’équipe à la maternité, qui me conseillait de respecter un délai de 3 heures entre chaque tétée et d’alterner les seins à chaque fois. J’avais même un tableau à remplir ! », raconte Aurélie.
Cette notion d’intervalle à respecter entre chaque repas ne vaut que pour l’alimentation au lait artificiel, plus difficile à digérer que le lait maternel. Au sein, point d’intervalle à respecter. « L’allaitement à la demande avec un bébé efficace au sein est la garantie d’une production de lait suffisante pour le bébé », insiste Carole Hervé. Plus le bébé tète, plus la maman produit la quantité de lait nécessaire pour le nourrir. C’est le cercle vertueux de l’allaitement à la demande ! On oublie donc toute notion d’intervalle entre les tétées. Ainsi les premiers mois, la majorité des bébés tètent 8 à 12 fois/jour et passent en moyenne 6 heures au sein.
L’allaitement à la demande n’a pas que des vertus nutritionnelles. Il procure aussi des bénéfices sur le plan affectif : donner le sein à son bébé quand il le demande lui permet de se construire un socle affectif solide, car savoir que quelqu’un répond à sa demande le sécurise.
Il faut alterner les seins à chaque tétée
VRAI, en partie
« En début d’allaitement, l’alternance régulière des seins favorise une bonne mise en route de la production lactée et limite les risques d’engorgement. Une fois que le bébé saura téter, il décidera de lui-même de prendre un sein ou bien les deux au cours de la tétée, voire plus parfois. » De même, il n’est pas conseillé de limiter la tétée à 10 minutes sur un sein. Tant que le bébé ne lâche pas le sein de lui-même, mieux vaut lui laisser le sein.
Les crevasses sont inévitables
FAUX
« Même s’il est possible qu’une légère sensibilité apparaisse les premiers jours en raison d’un climat hormonal particulier, toute douleur lors de la tétée devrait être perçue et considérée comme un signal indiquant que quelque chose ne va pas, et ne devrait jamais être laissée pour compte. », insiste la consultante en lactation. Des crevasses qui tardent à guérir, un engorgement qui ne diminue pas malgré un allaitement à la demande et des massages doux, une sensation de brûlure lors des mises au sein ou une douleur à type de morsure lorsque le bébé tète : tous ces indices sont des signaux d’alarme. « Il est alors urgent de trouver le bon référent qui saura identifier rapidement la cause de la douleur et qui lui apportera une solution adaptée. Améliorer la position au sein est une mesure de bon sens. Parfois il sera nécessaire de pousser plus loin les recherches et de consulter un professionnel approprié : une consultante en lactation, un thérapeute manuel, une sage-femme ou un autre professionnel selon le problème identifié. »
Certains laits sont plus riches que d’autres
FAUX
« Nos a priori culturels sont encore tenaces. Le lait maternel insuffisamment riche n’existe pas. Il se pourrait qu’il soit carencé si la mère est végétalienne et qu’elle ne se supplémente pas suffisamment en vitamine B12. En dehors de cette situation, si un bébé ne grossit pas assez grâce au lait de sa mère, ce n’est pas la composition de celui-ci que l’on vérifiera, mais plutôt le transfert optimal du lait, la bonne conduite de l’allaitement ou encore l’état de santé du bébé. », rappelle Carole Hervé.
Rassurez-vous, la nature a prévu un lait maternel parfaitement adapté aux besoins du bébé. Sa composition, très complexe - eau, glucides (lactose notamment), lipides (plus de 200 acides gras essentiels), protéines, vitamines, minéraux, anticorps – est toujours idéale quel que soit l’âge de l’enfant ou son environnement. Elle évolue également au cours de la journée, notamment en terme de lipides : le lait est plus « gras » le soir que le matin. La composition du lait maternel varie également au cours d’une même tétée : en début de tétée, le lait est plus aqueux et riche en lactose, puis au fur et à mesure de la tétée, il devient plus épais, moins riche en lactose et plus riche en graisse. Ainsi le bébé peut moduler la durée tétée en fonction de ses besoins.
Il est normal que le bébé change ses rythmes de tétées
VRAI
Après le premier mois, de nombreux bébés commencent à adopter un certain rythme de tétées. Pour autant, il se peut qu’il ait des périodes de retour en arrière. Les professionnels parlent des « jours de pointe ». Ces périodes correspondent à des poussées de développement (notamment à 3 et 6 semaines ou 3 mois), pendant lesquelles votre enfant va réclamer plus souvent, téter plus longtemps et vos seins vont vous sembler « vides ». « La meilleure solution consiste alors à lui proposer le sein très souvent et à déléguer tout ce qui est possible. Le repos et les tétées à la demande auront vite fait de rétablir la situation. En 2 à 5 jours, bébé aura passé son cap, le débit de lait lui conviendra à nouveau et il retrouvera sans doute un semblant de rythme.
Ne vous découragez pas, soyez patiente, c’est passager et le signe d’une croissance normale. » assure Carole Hervé. Le biberon de complément n’est pas une solution. Il peut entraîner une baisse de la lactation par manque de stimulation et conduire à un sevrage précoce.
Il faut manger plus quand on allaite
VRAI
« Lors de la grossesse, il est souvent recommandé à la mère de consommer 300 à 500 calories de plus qu’en temps normal. Il en va de même durant l’allaitement. Cela signifie, pour les femmes qui allaitent, 2000-2200 calories par jour (mais cela peut aller de 1800-2700 calories selon votre poids et votre taille). Cette recommandation s’appuie sur la quantité de lait consommée par votre bébé », explique Carole Hervé. Cette dépense calorique en plus explique pourquoi une grande partie des mamans allaitantes -mais pas la majorité - auront tendance à maigrir plus vite en allaitant.