Un toucher, une rencontre...
L'haptonomie n'a rien d'une préparation à la naissance ordinaire... Là où l'accompagnement classique pose les bases d'un accouchement plus serein, l'haptonomie va plus loin : elle prépare le couple à la naissance certes, mais surtout à la parentalité et à une vie de famille épanouie grâce à des relations fortes tissées dès la vie utérine. Au cœur de ce vaste programme, un concept élaboré dès les années 1950 par Frans Feldman : le contact psychotactile. Pour le créateur de l'haptonomie, l'enfant évolue, pendant la grossesse, dans le giron, sorte de nid où utérus, périnée, muscles abdominaux et diaphragme favorisent le lien affectif entre la mère et l'enfant. En se mettant en contact avec l'enfant via le giron, les parents initient la rencontre. C'est le début d'une relation qui se prolongera bien au-delà de la grossesse.
Comment décrire cette rencontre ? Difficile à dire tant elle peut varier d'une grossesse à l'autre. S'il est toujours affectueux, respectueux, calme, le contact s'adapte aux réactions du bébé et à la prise de conscience de la relation entre les membres de la famille : « L'haptothérapeute guide les parents vers des gestes précis qui vont créer le lien affectif », explique le Dr. Catherine Dolto, pédiatre et haptothérapeute. « Dans un premier temps, la mère et le père invitent l'enfant à cette rencontre. Puis, au fil de la grossesse, leur relation évolue et l'enfant se prend au jeu, devient proposant ». D'où l'intérêt de commencer la préparation au plus tôt, « dès le début de la grossesse et si possible avant le 3ème mois, » suggère la thérapeute.
Se sentir mère, se découvrir père
Si la théorie de l'haptonomie est parfois bien difficile à cerner, en pratique, cette préparation aurait une influence positive sur tous les membres de la famille... À commencer par la femme, qui, grâce à elle, prend progressivement ses marques de mère.
« Lors de notre première séance, l'haptothérapeute nous a expliqué que, quand nous mettions les mains sur mon ventre, notre bébé venait s’y lover pour 'faire un câlin'. J’étais à mille lieues de m’imaginer que le petit être qui grandissait en moi avait la capacité et la volonté de faire des câlins. J’ai eu envie de passer les mois restants de ma grossesse, la main sur le ventre, pour lui montrer mon amour » se rappelle Alexandra.
D'ailleurs, la force de ce lien peut, dans bien des cas, aider la future maman à surmonter les difficultés qu'il n'est pas rare de rencontrer pendant ces 9 mois si particuliers. « L'haptonomie permet entre autres de travailler sur toutes les ambivalences, les questionnements que l'on peut avoir pendant la grossesse. Grâce à la relation créée avec l'enfant, la maternité devient une perspective concrète, » rappelle Catherine Dolto.
C'est là aussi tout l'intérêt de l'haptonomie pour le père. Lui qui est physiologiquement privé de ces premiers liens « de chair » avec son enfant, peut, dès la grossesse, avoir une expérience physique, concrète de la paternité, comme en témoigne Paul.
« Quand Constance est tombée enceinte pour la 1ère fois, j'étais à la fois fou de joie et frustré. Je la voyais au quotidien apprendre à connaître notre enfant. Elle sentait quand quelque chose le faisait réagir, savait quand il dormait, bougeait... Même si elle m'en parlait, je me sentais toujours un peu comme la 3ème roue du carrosse. Lors de sa 2ème grossesse, nous avons décidé de voir si l'haptonomie pouvait changer la donne. Cela a été une véritable révélation. Je garde encore un souvenir ému de ces moments où je posais mes mains sur son ventre et où notre fille venait s'y coller et suivre mon mouvement. Nous communiquions, j'étais déjà son père... »
Des effets bénéfiques bien après la naissance
Et le bébé dans tout cela ? « Tout ce qui est vécu pendant la grossesse modifie son développement après la naissance » rappelle le Dr. Dolto. Plus souriants et confiants, les enfants ayant été bercés, dans le giron par l'haptonomie, auraient aussi un meilleur port de tête et un meilleur tonus de posture. Des bénéfices tels qu'ils seraient parfois déroutants pour leurs parents notamment au moment de l'acquisition de la marche (la fameuse "révolution bipédique)... « Ils font preuve d'une telle confiance qu'ils ont besoin d'être contenus, accompagnés de manière sécurisante dans leurs changements de vie » continue la pédiatre, soulignant l'importance de la poursuite de l'haptonomie en post-natal.
Suites de couches, coup de blues et équilibre familial
Et cette pratique est d'autant plus importante qu'elle ne profite pas qu'à l'enfant ! « L'haptonomie peut aider à surmonter des états bien difficiles après la naissance. Devenue mère, la femme peut se retrouver seule face à son bébé avec des suites de couches compliquées à gérer. Sans compter les traces douloureuses laissées parfois par l'accouchement. L'haptonomie peut alors aider la mère à dépasser le traumatisme et à retrouver une forme de bien-être et de sécurité," rappelle Catherine Dolto. Et là encore, le père n'est pas en reste : grâce à l'haptonomie, il continue à entretenir le lien créé pendant la grossesse. Une aide précieuse qui peut bien souvent l'aider à trouver sa place dans le nouveau cercle familial.
Cela a été le cas pour Lucie et Florian. La jeune maman l'avoue aisément. Continuer l'haptonomie après la naissance de leur second enfant a permis à toute la famille de prendre ses marques et de vivre ces premières semaines à quatre de manière plus sereine.
« Notre haptothérapeute nous a aidés à nous parler et nous dire des choses que Florian et moi 'oubliions' ou n'avions pas le temps de nous dire au quotidien, quand nous étions débordés. Les rendez-vous ont été l'occasion de parler des craintes que nous pouvions avoir individuellement ou d'aborder la question de la gestion des belles familles ! Elle nous a aussi aidés à gérer la nouvelle dynamique avec notre fille aînée, afin d'encourager le lien avec son petit frère et d'éviter qu'elle ne se sente exclue, ou moins aimée ».