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Le débat est lancé

L'épisiotomie : où en est-on aujourd'hui ?

Un taux d'épisiotomies annoncé à 75%

Marlène Schippa, la secrétaire d’Etat à l’égalité entre les femmes et les hommes, a affirmé et critiqué, le jeudi 20 juillet, que le taux d'épisiotomies effectuées sur les femmes lors d'un accouchement était trop élévé. En effet, elle annonçait lors d’un discours sur les inégalités professionnelles et sur les violences « qu’en France on a un taux d’épisiotomie à 75 % alors que l’OMS préconise d’être normalement autour de 20 à 25 % [et] des pratiques obstétricales non consenties, avec particulièrement des violences obstétricales sur les femmes très jeunes, étrangères ou handicapées. » Le lundi 24 juillet, le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF) a protesté jugeant ces affirmations fausses. Une guerre entre les gynécologues et la secrétaire d'Etat est-elle lancée ?

Qu'est-ce que l'épisiotomie ?

Le discours de Marlène Schippa a remis au goût du jour un sujet beaucoup évoqué mais rarement défendu. Mais qu'est-ce que l'épisiotomie ? Adrien Gaudineau revient sur cette pratique médicale.

Un acte volontaire

À la différence de la déchirure vaginale occasionnelle à l’accouchement, l’épisiotomie est volontaire. Certains ont comparé cette pratique à une mutilation. Logiquement, cela fait l’objet de nombreux débats de société. L’épisiotomie correspond à une incision de la vulve au niveau du périnée, pratiquée par l’accoucheur au moment de la sortie de l’enfant.

Deux types d'incision possibles

Il y a deux types d’incision :
  • l’épisiotomie médiane (à la base de la vulve en direction de l’anus)
  • l’épisiotomie médio-latérale (incision de la vulve vers le côté, vers la fesse).

L’épisiotomie est indolore en cas d’accouchement sous péridurale et la douleur est limitée en l’absence d’anesthésie en raison de la diminution de la sensibilité des tissus maternels périnéaux distendus par la tête du bébé.

Une pratique remise en cause scientifiquement

Pendant longtemps on pensait que l’épisiotomie « protégeait » les femmes de séquelles sur la continence anale. L’idée à la base du développement de cette technique était d’élargir l’orifice vulvaire de façon contrôlée et d’éviter ainsi des déchirures inopinées, en particulier au niveau du sphincter de l’anus qui assure la continence des selles. Cette pratique a été scientifiquement remise en question car de larges études ont démontré que la pratique de l’épisiotomie ne diminuait finalement pas les déchirures graves du périnée.

Les internautes réagissent eux aussi !

Suite au discours de Marlène Schiappa, les réactions ont été très vives sur le sujet. Les gynécologues ont rapidement réagi face aux chiffres annoncés. Les réseaux sociaux ce sont aussi emparés du sujet. Une polémique est-elle lancée ? Qui aura le dernier mot ?

La parole des gynécologues remises en cause

Sur Twitter, nous avons pu constater que la parole des gynécologues-obstétriciens avaient été remise en cause. Certains internautes se demandent si ce discours n'est pas une #FakeNews.

Certains followers dénoncent la malhonnêteté de Marlène Schippa, jugeant scandaleux d'user de sa notoriété pour annoncer de faux chiffres sur un sujet aussi sensible...

Défendre les femmes victimes de maltraitances

Pour certaines femmes, l'épisiotomie pendant l'accouchement a été vécue comme une maltraitance, dont les séquelles sont souvent lourdes.

Ce sujet n'est cependant pas récent et a déjà fait couler beaucoup d'encre. Emma, blogueuse engagée et féministe, avait décidé de partager sur son blog et sa page Facebook L'histoire de ma copine Cécile, dans l'une de ses bandes-dessinées. Elle expliquait, à travers ses illustrations, le bouleversement physique et psychologique vécu par son amie, à la suite d'une épisiotomie réalisée de force malgré son refus.

Une pratique plutôt rare aujourd'hui ?

Tandis que l’épisiotomie était quasi-systématique il y a quelques années, surtout dans le cas d’un premier accouchement, cette pratique est devenue assez rare aujourd’hui. Sur les derniers chiffres connus en 2010, le taux d’épisiotomie a été réduit, en 12 ans, d’environ un tiers chez les patientes qui accouchaient pour la première fois (44% en 2010 ont eu une épisiotomie) et de près de deux tiers chez les patientes qui avaient déjà accouché (14 % en 2010 ont eu une épisiotomie). Mais est-ce assez ?

Nous sommes en attente des derniers chiffres de 2016, mais tout laisse à penser que les taux sont actuellement plus bas et que la pratique des médecins a déjà nettement évolué.

Une épisiotomie, indispensable pour certains accouchements

Dans certains cas cependant, une épisiotomie peut s’avérer nécessaire, notamment lorsque le périnée est particulièrement tendu et que les tissus maternels apparaissent fragiles, ce que l’on ne peut voir qu’au dernier moment, lors de la sortie du bébé. Certaines situations font également envisager la réalisation d’une épisiotomie telle qu’une extraction instrumentale, dans le cas d'un bébé dont le poids serait au dessus de la moyenne. Pourquoi l'épisiotomie est-elle parfois indispensable? Pour éviter un déchirement des parois qui donne lieu à une intervention et à des suites, plus compliquées et douloureuses qu'une épisiotomie. 

Finalement l’épisiotomie n’est plus systématique, et de moins en moins fréquente. Elle se décide au cas par cas. Les gynécologues-obstétriciens ont d'ores et déjà évolué sur la question. Les alerter sur le besoin de respecter le plus possible le souhait de la maman et de la préserver au maximum est évidemment important. 

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Rédactrice et community manager, spécialisée dans le parenting....
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