Bonjour Eloise. Vous avez bien fait d’en parler et donc d’écrire, car il ne faut jamais rester seule avec des choses lourdes à porter, y compris de tels doutes qui peuvent laisser des marques dans vos souvenirs. La question derrière tout cela est : « es-tu là ? » comme pour tout moment important où nous recherchons la présence de la personne importante à nos yeux. Cette question, vous l'adressez à votre mari pour partager l’expérience de la grossesse, ses joies (les échographies) et ses désagréments (les nausées). Et il n’a pas l’air d’être là justement.
"Les hommes ne fonctionnent pas comme les femmes dans l’expression et la gestion des émotions"
Toutefois, vous nous donnez des pistes pour vous répondre :
Vous dites « j’ai l’impression » . Pour accueillir bon nombre de couples, je peux vous certifier qu’il y a beaucoup de malentendus, entre ce qui a l’air et ce qui est au fond. Rappelons que généralement les hommes ne fonctionnent pas comme les femmes dans l’expression et la gestion des émotions. Je ne sais pas comment fonctionne votre homme ordinairement et à l’occasion des moments importants (joyeux ou tristes), mais je vous invite à déjà vous demander au-delà de votre propre résonnance : « est-ce une réaction classique de lui, en temps de grande émotion » ? Ensuite, le plus simple est de lui demander comment il va et comment il vit cette grossesse et l’arrivée du bébé. Je vous convie à commencer par cette question basique qui ouvre la discussion, plutôt que de nommer vos doutes, voire des reproches s’il y en a. La priorité : comprendre ce qui se passe pour lui.
"Il y a une différence entre ce qu’on avait rêvé et ce qui arrive vraiment"
Ensuite, vous évoquez les échographies et le peu d’intérêt en apparence de votre mari. Il faut rappeler que dans une grossesse, les femmes prises par la chair, entrent de plain pied dans l’expérience. Les hommes eux, y entrent à des moments différents : à l’annonce de la grossesse, à l’échographie justement, quand bébé bouge ou quand il naît, et pour d’autres, bien plus tard encore. Ce n’est donc pas un signe alertant en soi. Essayez de mettre votre gynécologue dans la confidence (un appel avant la prochaine échographie, par exemple). Il pourra aborder l’air de rien le sujet lors de votre rendez-vous mensuel, en discutant davantage avec votre conjoint (qui d’ailleurs est venu à chaque fois).
"Les hommes sont souvent dépassés par autant d'émotions"
Rappelons-nous enfin qu’une grossesse bouscule aussi les hommes qui sont souvent dépassés par autant d’émotions, de modifications et de sensations inconnues. Ils n’ont pas le mode d’emploi et ont, eux aussi, besoin d’être rassurés.
Enfin, et vous le dites très bien, il y a toujours une différence entre ce qu’on avait rêvé et ce qui arrive le moment venu (« nous en avions beaucoup discuté et étions tous deux motivés »). Cette différence peut nous faire souffrir. Aussi, la préparation à l’accouchement organisée par votre sage-femme à laquelle les papas sont conviés est une bonne occasion de prendre la parole avec bienveillance pour parler de vous. Votre homme entendra ce qui le concerne et la professionnelle captera sûrement le message. Vous pouvez aussi en parler à quelqu’un en qui il a confiance (son meilleur ami, son super collègue, sa sœur) et qu’il écoutera...
Gardez le cap dans ces temps mouvants, la parole est la clé…