Une étude scientifique publiée sur spinger.com en avril 2017, intitulée "Only-child and non-only-child exhibit differences in creativity and agreeableness: evidence from behavioral and anatomical structural studies" (Département de Psychologie- Université Chongqing- Chine) relance le débat sur le rôle de l'enfant unique au sein d'un foyer, en révélant ses effets positifs et négatifs.
L'image de l'enfant unique, toujours aussi négative?
Jugé comme capricieux, égoïste, l'enfant unique est souvent perçu de manière péjorative. Il n'est pas rare d'entendre des parents français dire : "je veux deux enfants : un garçon et une fille". Cette volonté de structurer et de sacraliser la famille est liée à la puissance des mœurs, ancrée depuis des générations. Selon Françoise Dolto, la "famille idéale" se présentait sous cet angle : trois enfants avec trois ans d'écart. Une règle qui a longtemps prévalu en France, où le nombre d'enfants par foyer tourne aujourd'hui autour d'un peu plus de deux. Mais depuis quelques années, le nombre de familles dont l'enfant est unique progresse progressivement, s'alignant avec d'autres pays européens. En Allemagne ou en Italie, par exemple, avoir un enfant unique est souhaitable et même préférable dans la représentation sociale. De nombreux parents recherchent l'épanouissement professionnel, conjugal, davantage compatible avec un seul enfant. En France cette aspiration est critiquée comme "égoïste". Le bonheur familial serait-il forcément multiple ? Et si la critique de l'enfant unique ne cachait pas tout simplement une critique bien plus forte et abstraite, celle de la famille moderne?
L'enfant unique, moins sociable, mais plus intelligent
Qu'en est-il du point de vue de l'enfant ? Pendant longtemps, il a été considéré que le statut d'enfant unique était un désavantage pour l'enfant. Surprotégé, peureux, l'enfant unique est au centre des attentions et des préoccupations de ses parents. Impossible alors pour lui de gagner en autonomie et en sociabilité. Mais est-ce nécessaire de tenir forcément compte des autres ? Chaque enfant a son histoire et sa personnalité. L'étude de l'Université de Chongqing revient sur ces idées préconçues, après plusieurs décennies de politique de l'enfant unique en Chine. Selon cet axe de recherche, il apparaît que l'enfant aurait de nombreux avantages à vivre seul :
- certaines zones de son cerveau se structurent différemment, lui permettant de bénéficier de certaines capacités que d'autres enfants n'ont pas.
- il développe des capacités d'adaptation.
- ses parents sont plus attentifs à son avenir et à ses désirs.
- il serait un bon élève à l'école.
L'enfant unique, objet d'une grande pression parentale
Etre enfant unique revêt cependant quelques inconvénients, notamment du côté des relations aux autres. En effet l'enfant unique incarne les espoirs et les rêves de ses parents. Habitués à ne voir grandir que lui, les parents ont tendance à l'assister pendant une grande partie de sa vie, oubliant de lui accorder de l'indépendance. On entend souvent cette phrase des parents : "Mon enfant est toute ma vie". La pression est donc immense pour l'enfant. Il lui est impossible de décevoir ses parents. Inversement, un enfant unique ne manquera pas d'amour. Il sera au centre des préoccupations de toute sa famille.
Un esprit compétitif moins prononcé
Moins indépendant, un enfant unique est aussi parfois moins habitué aux conflits et aux situations embarrassantes. Jalousie, disputes, chamailleries ...sont absentes de son vécu. À l'école, dans la cour de récréation, il peut se sentir démuni devant certains de ses camarades, capables de donner leur avis et leurs idées plus facilement que lui. Mais, les enfants uniques ne sont pas les seuls à devoir affronter ce type de situations. La compétition, la concurrence, l'affirmation de ses opinions s'apprennent avec le temps et de la persévérance, pour tous les enfants uniques ou pas.
L'harmonie familiale, forcément à plusieurs?
Autre limite : entouré de ses parents dans des activités quotidiennes (jeux, discussions...), l'enfant unique est aussi souvent confronté à la solitude et à l'ennui. Ce qui est bon pour le développement de sa créativité. Car il devra puiser en lui-même des resources intérieures. Le revers est qu'il est en prise directe avec les émotions de ses parents. Sans frères et souers, il récupère toutes les angoisses et les peurs des parents. Rappelons que, de manière générale, la fratrie a un rôle crucial, puisque l'enfant y apprend à:
- avoir le sens du jeu en interprétant différents rôles
- développer sa créativité et sa spontanéité
- exprimer ses sentiments, son agressivité
- se préparer à la vie en société
Des conseils pour rendre le quotidien plus facile à l'enfant unique
Pour remédier à ces manques ou pour développer certaines facultés psychologiques chez l'enfant, des astuces sont à mettre en place, lui permettant de ne pas se sentir seul. Vous pouvez par exemple :
- l'inscrire à la crèche ou chez la nounou tout petit afin de l'habituer aux autres enfants.
- l'inscrire à une activité extra-scolaire.
- inviter ses copains souvent à la maison.
- lui rappeler que les histoires de grands ne le concernent pas, qu'il a lui aussi ses propres histoires à régler.
- l'aider à trouver sa propre identité en favorisant la discussion et le partage.
N'oublions pas que chaque enfant reste "unique", qu'il vive seul ou entoré de frères et soeurs. Le comportement et la personnalité prennent, certes, leur source dans l'éducation et le regard bienveillant des parents, mais le caractère se forge progressivement en fonction des aléas de la vie et des expériences personnelles rencontrées. Unique, l'enfant saura affronter la "socialité" s'il est reconnu par ses parents comme un être relié aux autres en général, et non pas seulement à eux. Et il aura appris par lui-même à stimuler sa créativité et sa personnalité, en toute quiétude. Un avantage non négligeable par rapport à ses congénaires appartenant à des familles nombreuses.