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Développement

L'enfant précoce: l'identifier, le comprendre et l'aider à s'épanouir

Un enfant qui sait lire très tôt peut être un signe de précocité.

Le Dr Pascale Colas, neuropédiatre au centre de référence pour le diagnostic des troubles du langage et des apprentissages du Kremlin Bicêtre, nous explique la grande diversité des cas et des performances chez les enfants. Dans son service, elle évalue prend en charge notamment l'évaluation des enfants précoces, afin d'établir un diagnostic. Comment définir la "précocité" ? Ce mot étant à la mode, quels en sont vraiment les critères d'évaluation ? Comment aider l'enfant une fois diagnostiqué comme tel à s'épanouir? 

Une intelligence supérieure à la moyenne

La précocité se définit par un haut potentiel intellectuel avec un score de QI au-dessus de 130. Cela concerne 2,1% de la population. Ce n'est pas en soi un trouble. Beaucoup de ces enfants vont bien et parviennent à réaliser leur potentiel. Certains peuvent présenter dès l'entrée en maternelle des difficultés instrumentales spécifiques ou psychoaffectives. Dans ce cas, il faut procéder à des tests et à un bilan afin de proposer des aides adéquates.

Des signes indicateurs avant l'entrée à l'école

Certaines caractéristiques peuvent frapper les parents. Par exemple, un regard très observateur, un enfant qui se redresse tôt, qui parle d'emblée très bien. L'enfant se montre aussi hypersensible, anxieux, a du mal à s'endormir. Il manifeste une grande curiosité et un besoin de contrôle. Il est aussi fragile émotionnellement qu'il est en avance intellectuellement.

Quand les signes de décalage apparaissent

En maternelle, ou en début de primaire, certains de ces enfants très en avance à l'oral montrent peu d'intérêt pour le dessin puis pour l'écriture. Il peut y avoir des troubles associés de type « dys » :

  • dysphasie pour les troubles du langage
  • dyslexie pour les troubles de la lecture
  • dysgraphie pour les troubles de l'écriture et du dessin
  • dyscalculie pour les troubles du calcul
  • dypraxie pour les troubles des gestes
  • dysorthographie pour les troubles de l'orthographe

Le déficit d’attention est aussi classé parmi les troubles cognitifs « spécifiques » du langage et des apprentissages. Pour d'autres enfants ayant survolé leur primaire, les difficultés psychologiques apparaîtront au collège. Le décalage avec les pairs et les adultes peut à l'extrême engendrer un syndrome dépressif, des troubles du comportement (signe de dépression chez l'adolescent haut potentiel), une phobie scolaire. Mais ces troubles peuvent ne jamais apparaître, surtout si l'enfant est bien pris en charge. D'où l'importance d'un diagnostic lui aussi "précoce".

Un bilan complet pour comprendre son enfant

En cas de difficulté, seul un bilan complet réalisé avec un thérapeute spécialisé peut permettre d'aider l'enfant. Les tests réalisés sur internet n'ont aucune valeur. Un bilan complet comprend une consultation, un test psychométrique (QI) et des tests de personnalité pour affiner un profil psychologique. Il peut être complété par un bilan orthophonique, des tests de psychomotricité.

- Une approche pluridisciplinaire

Le bilan est analysé et expliqué aux parents par un pédopsychiatre ou un neuropédiatre qui proposera une réponse thérapeutique et pédagogique. Le score du QI ne fait pas sens par lui-même. Le test se subdivise en quatre indices :

  • verbal
  • non verbal (perceptif)
  • mémoire de travail
  • vitesse de traitement.

- Des indices homogènes

Ce qui compte, c'est l'homogénéité des indices qui le composent, particulièrement du quotient verbal et non-verbal. Parfois, les indices divergent tant que l'on ne peut définir le QI total. L'analyse fine de l'ensemble des données par un spécialiste permettra d'établir les forces et les faiblesses de l'enfant, de l'accompagner (ou de le rééduquer le cas échéant) pour qu'il soit en mesure d'exploiter son grand potentiel et n'en souffre pas. Les associations regroupant des parents d'enfants précoces, représentées dans chaque département, ont une liste de professionnels habilités à réaliser un bilan.

Un dialogue nécessaire entre les parents et les enseignants

Le mode de fonctionnement tout à fait différent de ces enfants nécessite l'instauration d'un dialogue de qualité entre les parents et le corps enseignant. Aujourd'hui, les professionnels de l'éducation sont mieux sensibilisés à la précocité. Il faut néanmoins obtenir leur coopération à chaque rentrée scolaire, tant le challenge peut être complexe au sein de la classe. Les spécialistes déconseillent de communiquer à l'école le bilan chiffré. Il est préférable que le thérapeute fournisse une note expliquant le mode de fonctionnement de l'élève ainsi que des suggestions pédagogiques.

Un parent compréhensif et pédagogue

Les parents devront expliquer à l'enfant qu'il devra résister à la frustration, accepter d'être entouré de maîtres ou de camarades moins rapides, intégrer des consignes. Pour le Dr Colas, il faut veiller à "ne pas aggraver une particularité, sous couvert de précocité, qui devienne un symptôme."

L'épanouissement chez les enfants précoces

Un haut potentiel détecté tôt a toutes les chances de s'épanouir. L'ennui, le désinvestissement ou la suradaptation ne sont pas une fatalité. La prise en charge multidisciplinaire diversifie et complète le parcours éducatif. Les sauts de classe peuvent être envisagés. Si, malgré tout, un état de souffarnce persiste, certains établissements proposent des pédagogies différenciées. L'important est de montrer à l'enfant que l'on est à son écoute, qu'on l'aide à mettre en place des méthodes de travail qui lui conviennent. Les parents ne doivent pas hésiter à se faire aider pour adopter l'attitude la plus juste dans l'intérêt de l'enfant.

Des tests pour mesurer le QI de votre enfant selon son âge

Il existe de nombreux tests pour mesurer l'intelligence de votre enfant et savoir s'il est précoce. Notez par exemple :

  • le test WPPSI-III, Echelle de Wichsler, à réaliser entre 2 ans et demi à 6 ans
  • le test WISC-IV, Wechsler intelligence Scale, à faire entre 6 ans à 17 ans
  • le test K-ABC II, pour les enfants et la petite enfance

N'hésitez pas à poser des questions à Sylvie Roy si vous souhaitez plus d'informations sur le sujet.

, Docteur en pharmacie
Docteur en pharmacie, Sylvie Roy a exercé en officine. A la suite d'une formation juridique complémentaire, elle a travaillé à la Direction Générale de la Santé, dans la sous-direction...
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