DYS : des troubles très variés
Une ou plusieurs fonctions exécutives peuvent être impactées : le langage, l’attention, le geste ou le calcul. L’intelligence est intacte, il n’y pas de trouble psychiatrique, cependant cela constitue un handicap cognitif qui compromet les apprentissages. Il est crucial de le repérer au plus vite, afin que l’enfant reçoive un accompagnement pluridisciplinaire pour surmonter ses difficultés et réaliser son potentiel.
Un trouble ou un retard ?
Un enfant qui manque d’autonomie par rapport à ses camarades, qui a du mal à communiquer, à mémoriser, à dessiner peut simplement être « en retard » ou souffrir d’un trouble spécifique des apprentissages. En France, 6 à 8% de la population souffrirait d’un trouble DYS à divers degrés. Cela représente 3 à 4 millions de personnes. Pour être plus parlant, au moins un élève par classe…
Des troubles relevés dès l'entrée en CP
Certains de ces troubles ne seront révélés qu’à l’entrée en CP. Ils peuvent prendre une forme légère ou sévère, se combiner chez un même enfant. Chaque profil nécessite un accompagnement adapté. Depuis une quinzaine d’années, diverses études ont mis à jour des chiffres qui interpellent :
- 8,5 à 12,7 % des enfants de CE1 auraient un retard significatif en lecture.
- 6,6 % à 7,5 % des enfants de moins de 10 ans seraient dyslexiques ou dysorthographiques.
- 7 % des enfants de 3 ans ½ présenteraient un retard significatif du développement du langage.
- 3,9 % des enfants de 9 - 10 ans auraient un score faible en arithmétique.
- 6 % des enfants entre 5 et 11 ans seraient concernés par des troubles d'acquisition des coordinations (TAC) et des dyspraxies.
- 3 à 5 % des enfants de 6 à 12 ans souffriraient de troubles de déficit d'attention.
Pour la plupart, ces enfants sont scolarisés dans la maternelle ou l’école primaire de leur quartier. Il faut alors les aider à apprendre autrement en mettant en place une stratégie d’apprentissage personnalisée.
Un suivi complet et multidisciplinaire
Les enseignants sont les mieux formés au repérage de ces troubles. Ce sont en général eux qui alertent les parents. Le médecin de proximité, la PMI, le pédiatre sont les interlocuteurs de premier niveau. Le diagnostic nécessite l’intervention d’une équipe multidisciplinaire.
Le suivi prolongé de l’enfant implique l’équipe enseignante, les parents, des médecins et des professions paramédicales : orthophonistes, psychomotricien, ergothérapeutes…
Les troubles DYS en détail
1. La dyslexie entraîne l'enfant vers une perte d'estime de soi
La dyslexie se caractérise par des difficultés pour lire de façon correcte, pour décoder un texte et pour orthographier. C’est un trouble du langage écrit. Elle peut être à l’origine d’une mauvaise compréhension en lecture. La dysorthographie affecte la production d’écrit et l’orthographe.
L’enfant peine à identifier les mots, à lire, à découper les mots d’une phrase. Il comprend mal l’écrit, écrit lentement et mal, fait de nombreuses fautes. La compensation le fatigue et le ralentit. Les cahiers sont mal tenus, l’enfant n’arrive pas à faire ses devoirs. Il n’aime ni lire ni écrire et connaît des difficultés d’apprentissage dans toutes les matières, souvent par incompréhension des énoncés. La scolarité est pénible et ne permet pas d’accéder aux formations correspondant aux capacités réelles. La perte d’estime de soi est une souffrance.
2. La dysphasie s'accompagne d'un retard psychomoteur chez l'enfant
La dysphasie est un trouble de l'apprentissage et du développement du langage oral. L’enfant s’exprime mal, par mots isolés ou déformés, le discours est mal construit, le langage oral mal compris. La difficulté à communiquer entraîne un mauvais apprentissage, des problèmes d’intégration et parfois des troubles du comportement. Fréquemment ces difficultés s'accompagnent d'un retard psychomoteur ou/et graphique.
3. La dyspraxie empêche l'enfant d'être autonome
La dyspraxie entrave la coordination et la planification des gestes. Ces difficultés se retrouvent dans les gestes de tous les jours (courir, sauter, s’habiller, se moucher) mais aussi mettre le couvert, faire son cartable, se coiffer, écrire, utiliser une règle ou encore faire un puzzle, un jeu de construction, utiliser des outils, jouer aux billes. L’enfant manque d’autonomie et accumule les difficultés dans les matières scientifiques, sportives et artistiques. Il a tendance au repli.
4. La dyscalculie déclenche d'autres troubles chez l'enfant
La dyscalculie est le trouble associé à la numération. L’enfant a du mal à compter, à comprendre le système décimal, à faire du calcul mental, à poser une opération, à apprendre ses tables, à résoudre un problème. Elle peut être la conséquence d’autres troubles (troubles de l’attention, dyslexie, dyspraxie…).
5. L'hyperactivité, souvent associée aux troubles DYS
On associe également aux troubles DYS les troubles d’attention avec ou sans hyperactivité. L’enfant, très impulsif, a des difficultés relationnelles en famille, à l’école. Il a du mal à respecter les règles de vie en commun. Les efforts pour canaliser son attention le fatiguent.
Le repérage et le diagnostic
Si le médecin de proximité détecte ou suspecte un ou des troubles DYS, il adresse une demande aux experts du Centre de Référence des Troubles du Langage et des Apprentissages (CRTLA) dont dépend la famille.
Des centres spéciaisés accessibles dans votre région
Ces centres spécialisés sont implantés dans les centres hospitaliers régionaux. Ils sont composés de médecins (neuro-pédiatre ou pédo-psychiatre), d’orthophoniste, de psychologues, mais aussi de psychomotricien, ou d’ergothérapeute. La carte des centres est disponible sur le site de l’Inpes. Les centres sont submergés de demandes, il faut compter plusieurs mois pour avoir un premier rendez-vous. Actuellement, le repérage des enfants DYS intervient au cours de la sixième année, l’âge moyen où le diagnostic est véritablement posé est de 9 ans.
Adresser un dossier aurgumenté et élaboré pour optimiser vos chances
Pour augmenter ses chances d’être convoqué, il est préférable d’adresser un dossier argumenté, élaboré avec le médecin de proximité. A titre indicatif, il regroupe :
- Le motif de la demande (lettre des parents et du médecin)
- Les résultats des bilans déjà réalisés (orthophonique, psychométrique, neuropsychologique, ergothérapique, psychologique...)
- Des formulaires à compléter par l’enseignant, les rééducateurs
Chaque centre a sa procédure, n’hésitez pas à vous renseigner en amont. Ensuite, le dossier complet est instruit par l’équipe qui évalue l’urgence de la prise en charge et convoque, s’il y a lieu, l’enfant et sa famille. Le premier rendez-vous a lieu avec le médecin qui envisage les tests à conduire au sein de l’équipe.
Un bilan de fin de parcours pour connaître le caractère spécifique du trouble
Le bilan en fin de parcours précise le caractère spécifique du trouble et sa sévérité, élimine ou précise un éventuel trouble associé. Il indique les modalités de prise en charge. La partie administrative du parcours se poursuit à la Maison Départementale des Personnes Handicapées. Ce passage conditionne la prise en charge et l’adaptation de la scolarité.
Un accompagnement complexe
Comme pour le bilan, le suivi des enfants DYS implique de nombreuses disciplines. Médecins, rééducateurs, enseignants, psychologues, éducateurs, familles doivent coopérer dans l’intérêt de l’enfant. Ceci peut représenter un coût élevé pour les familles, avec un reste à charge important.
Un dossier complet à la la Maison départementale des Personnes handicapées pour une prise en charge complète
Tout dépend du niveau de handicap. Après un bilan dans un centre de références, un dossier complet peut être adressé à la Maison départementale des Personnes handicapées (MDPH). C’est la condition pour une prise en charge optimale des besoins de l’enfant. La MDPH détermine un Projet Personnalisé de Scolarisation (PPS), dans la majorité des cas en milieu ordinaire, ou en établissement spécialisé.
Une scolarisation personnalisée et surveillée
L’accueil à l’école de l’enfant DYS est préparé entre l’enseignant référent et l’équipe de suivi de la scolarisation dans le cadre du PPS. La scolarisation peut être prévue à temps plein ou partiel, les soins peuvent être intégrés sur le temps scolaire. Les soins peuvent être apportés par diverses structures médico-sociales ou par des praticiens en libéral. Certaines rééducations ne sont pas prises en charge par l’assurance maladie. Elles peuvent faire l’objet de compléments attribués par la MDPH.
Des aménagements scolaires spécifiques
Le PPS mentionne les aménagements scolaires nécessaires : aménagements pédagogiques, du temps scolaire, aide humaine (auxiliaire de vie scolaire, orthophoniste ou ergothérapeute). Du matériel informatique ou pédagogique peut aider l’enfant. De nombreux logiciels d’aide à la lecture, l’écriture existent. Pour effectuer le bon choix, il est recommandé de se faire conseiller par l’orthophoniste ou l’ergothérapeute qui suit l’enfant.