« Que l’enfant soit la fin suprême de la femme ,c’est là une affirmation qui a tout juste la valeur d’un slogan publicitaire » Simone de Beauvoir, Le Deuxième Sexe, 1949.
Faire un enfant est un droit, non un devoir
Aujourd'hui plusieurs jeunes femmes osent affirmer clairement via les réseaux sociaux qu'elles ne veulent pas devenir mères. Ne pas vouloir d'enfant, c'est avant tout une revendication d'indépendance et de liberté. C'est la liberté de faire leurs propres choix de vie, sans se préoccuper de l'existence de quelqu'un d'autre.
Pour faire ce choix, il est essentiel de se connaître et de savoir identifier ce que l'on souhaite vraiment devenir, dans ce monde, en tant que femme. Il est possible d'affirmer sa féminité en dehors de la maternité, tout en ayant le sentiment de mener la vie qui nous convient. Être femme ne signifie pas forcément devenir mère de famille, ce n'est pas nécessaire d’avoir des enfants pour exister dans la société et être heureuse avec soi-même.
Depuis les années 1970, aux Etats-Unis, au Canada ou encore en Grande-Bretagne, de plus en plus d'associations de "non-parents" ou "childfree" revendiquent le droit de ne pas vouloir d'enfant. Faire un enfant est un droit, non un devoir. C'est une idée qui, tout doucement, commence à faire son chemin.
En Allemagne, 30% des femmes en âge de procréer n'ont toujours pas d'enfant. Cela s’explique par une pression très importante mise sur les épaules des parents allemands dans leur rôle de père, et surtout de mère, à la perfection. Aujourd'hui, 20 % des parents allemands, s'ils avaient le choix, ne referaient pas un enfant. Ils estiment avoir perdu leur indépendance et la liberté de faire des choix seulement pour eux-mêmes. Il est important de lutter contre une telle pression, être parent ne représente pas pour elles l'accomplissement ultime de leur vie d'une femme.
La volonté de ne pas reproduire un schéma familial qui ne leur convient pas
Certaines femmes ne conçoivent pas l'idée d'être mère un jour, par peur de recréer un schéma familial qu'elles ont déjà vu ou vécu. Des parents absents, insouciants ou violents… La peur d'échouer dans l'éducation d'un enfant peut être un facteur important dans la décision de ne pas en avoir. Faire un enfant est un engagement à vie, une responsabilité considérable. Il y a de quoi faire angoisser beaucoup de femmes éprises de liberté, qui ne veulent donc pas être mère par peur d'être prise au piège par un lien qu'elle jugent aliénant. Il existe une peur de s'attacher, la peur de ne pas pouvoir rompre un lien quand on le veut (on ne se sépare pas d'un enfant comme d'un amant) ou bien la peur panique de perdre un jour ce lien si fort, par la perte de l'enfant. Avoir un lien avec une personne qui dépend de vous, c’est incompatible avec la liberté, nécessaire à certaines femmes pour se sentir heureuse et en accord avec elle-même.
L'image qu'elles ont de leur propre mère peut aussi influencer leur décision. Une mère qui aurait sacrifié une vie professionnelle et personnelle pour le seul épanouissement de ses enfants, cela ne fait pas toujours rêver... De même lorsqu'elle ont vu des amies élever leurs enfants, elles n'ont pas pu s'identifier et se projeter à leur tour, dans le rôle de mère.
Affronter les avis et le regard des autres
Le plus difficile pour les femmes qui choisissent de ne pas avoir d'enfant, c'est d'affronter le regard et le jugement des autres. Leur entourage ne les prend pas au sérieux et les commentaires du style : « Tu es encore jeune ! Avec l'âge tu changeras d'avis... » se multiplient. Cela devient plus important lorsque l'âge de la femme se rapproche des 30 ans et que cela fait plusieurs années qu'elle est en couple. Quel argument est le plus souvent utilisé pour faire changer d'avis une femme qui ne veut pas d'enfant ? « Ton horloge biologique tourne ! Dépêche-toi, tu vas le regretter plus tard... » ou encore « C'est naturel d'être mère » Ce n'est pas parce que le corps féminin permet de devenir mère, qu'il faut obligatoirement le devenir. Encore une fois, être mère n'est pas un devoir, mais un droit que l'on peut utiliser ou non.
Enfin, il est important de bien souligner que ce n'est pas parce qu'une femme ne veut pas d'enfant ele-même, qu'elle n'aime pas les enfants des autres.
Un choix réfléchi et personnel qui doit être respecté
Ne pas vouloir d'enfant est un choix délibéré et mûrement réfléchi, un choix comme les autres. C'est la volonté de ne pas bouleverser un mode de vie qui convient, ou l'équilibre d'un couple. Avoir un enfant ça change la vie, les priorités ne sont plus les mêmes. Une femme qui ne veut pas d'enfant, c'est avant tout une personne qui est satisfaite de sa situation actuelle, et ne ressent pas l'envie de changer ses projets et ses habitudes pour un enfant. Elle n'imagine pas sa vie avec un enfant et c'est son propre choix. Si elle souhaite vivre et expérimenter autre chose que la maternité, qu'elle le fasse !
Mais finallement, l'annoncer à sa famille et ses amis c'est un peu comme faire son coming out, ça passe ou ça casse. C'est un moment qui peut être aussi difficile pour le conjoint qui ne partage pas cet avis, ou pour les parents qui s'imaginaient déjà grands-parents...
Antastesia : « Je n'ai jamais imaginé ma vie avec des enfants »
Dans cette vidéo ci-dessus, la Youtubeuse Antastesia exprime son ressenti très personnel sur le fait de ne pas vouloir d'enfant.
Pour elle, la maternité est un cauchemar, une angoisse qui ne la quittera pas. Cette future professeure souhaite partager avec les autres et se réaliser autrement que par la maternité. « C'est une tâche très noble et un bel engagement, mais ce n'est pas ce que j'ai envie de faire. »
Elle en profite pour souligner un problème important : le jugement est souvent plus dur pour une femme qui ne veut pas d'enfant que pour un homme qui n'en veut pas non plus : « C'est plus ou moins accepté pour les hommes, c'est plutôt "normal" qu'un homme ne veuille pas d'enfant, en tous cas ça hausse pas de sourcil et ça ne provoque pas de débats (...) C'est la manifestation d'une pensée très sexiste et patriarcale, la femme est là pour enfanter, pour être maternelle, la femme est soit une mère, soit une épouse.»
À cela s'ajoutent les remarques de son entourage, de ses amis et de sa famille, qui ne comprennent pas ce choix, qui est pourtant un choix raisonné et personnel. Ainsi, la Youtubeuse a dû subir le jugement et l'avis des autres : « De toute manière t'inquiète pas, ça va changer avec l'âge.» ou pire encore « Tu devrais consulter, à mon avis, tu as un problème. »
Un témoignage courageux qui montre que la société doit encore évoluer pour accepter la liberté des femmes dans leur choix de devenir mères ou non. En cette journée internationale des femmes, célébrons toutes les femmes, mères, futures-mères ou non futures-mères!